APOCALYPSE RIDERS - T03 - Pinky by Borya Zavod

APOCALYPSE RIDERS - T03 - Pinky by Borya Zavod

Auteur:Borya Zavod [Zavod, Borya]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantastique
Éditeur: Evidence
Publié: 2021-07-11T13:00:00+00:00


Chapitre 10

C’est une de ces petites caravanes pliables, de celle qu’on voyait au siècle dernier, deux roues, un essieu solide en acier, une carlingue moitié plastique, moitié taule, sur les flancs des plaques soudées un peu plus épaisses pour maintenir l’ensemble, le toit est complètement retapé avec du bois et du zinc. Elle a roulé sa bosse, la caravane, un ton bien jaune diarrhée, avec des touches d’antirouille vert pâle. Sur un des côtés est collée une affiche, avec deux immenses yeux qui vous fixent, et en gros et en lettre de sang : « Extralucide, Zézette ! La seule qui perçoit au-delà des temps et entend les esprits. »

Rien que ça… Toute une histoire !

Un jeune con est devant la porte, pas du genre facile, le môme, il est fin comme une aiguille, musculature sèche, en justaucorps moule-burnes, avec une petite moustache qui rebique. Je devine un acrobate, un truc du genre. Mais faut se méfier, le zig ne semble pas si fragile, voire menaçant et rapide. Je n’ai même pas vu d’où venaient les deux couteaux de lancer qui viennent d’apparaître dans ses mains manucurées.

Il vise Pinky qu’il connaît bien. Se méfie d’office, comme quoi !

Mais dans la caravane, la voix de la vieille bougonne :

— Miguelito, laisse-les entrer !

Le minot ne déloge pas, juge sa « cousine », qui se dandine, se trémousse, fait du charme à sa manière, l’autre ne bronche pas.

— Oh, la pédale ! Tu as entendu Mère-grand ? Dégage !

Je ne voudrais pas paraître homophobe, mais faut dire, que vu le gringue qu’elle lui fait, je suis étonné de ne rien voir frétiller dans le justaucorps, c’est quand même le genre de truc où tu joues vite en poutre apparente !

Derrière, ça commence à se marrer, même le nain et Babar se fendent la poire, se moquent. Miguelito n’a pas l’air d’apprécier la chose.

— Va te faire enculer, pétasse !

— Oh, oui, gémit Pinky en lui tirant sa langue bifide, mais t’es sûr que tu ne préfères pas que ce soit toi qui prennes ?

Éclats de rire dans les rangs, l’acrobate est violacé de colère.

— Salope !

— Laisse entrer, bordel ! râle la voix.

Vaincu, il nous laisse passer.

Pinky hésite, elle nous regarde, balance un petit sourire qui en dit long sur son angoisse. Elle est moins fière d’un coup, la gamine. Elle relève la capuche de son sweat rouge, crache la boule de gomme qu’elle a chapardée je ne sais où, la colle sur l’une de ses nombreuses boucles d’oreilles.

Je rentre et l’odeur m’agresse d’office, c’est puissant, ça me rappelle l’opium que l’on fumait dans ce bordel de Marseille 2.0.

Une silhouette au fond, avachie dans une vieille banquette, face à une petite table et des tabourets. La vieille se met à tousser, cracher ses bronches. Plus je me rapproche, plus je me dis que cette Zézette est bien plus fripée que la mienne !

Elle nous fait signe :

— Venez, venez, viens, Chaperon…

Je regarde Pinky, son sweat rouge vif, ses cheveux rouges, son vernis



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